Suite des articles précédents :
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Quand le présent rejoint le passé -
J'habite la Seine Maritime et lorsque des amis venus d'ailleurs viennent me voir, je les emmène visiter quelques paysages de Seine entre Poses et Les Andelys.
Il y a quelques jours, nous sommes allés à Poses. Il faisait très beau et les promeneurs étaient nombreux sur le chemin de berge du côté musée de la batellerie. Nous avons dirigé nos pas vers la grande passerelle qui surplombe le barrage et les écluses. La chute est d'environ 4 mètres et le bruit de l'immense masse d'eau qui dévale est assourdissant à en avoir presque peur. D'ailleurs, certains visiteurs ne s'attardent pas et s'éloignent comme fuyant un danger inconnu mais imminent.
Au contraire, du côté des écluses, les visiteurs s'attardent surtout s'ils peuvent assister à une éclusée. Ce fut d'ailleurs le cas car, en aval, un bateau croisière s'apprêtait à entrer dans la grande. Les touristes, caméras ou appareils photo en main, ne perdaient pas un instant de l’événement. Tout comme le bateau montait dans le sas, une foule de souvenirs me revint à l'esprit.
Dans la grande, réservée aux remorqueurs, on devait bien pouvoir mettre près d'une douzaine de
38 mètres. Le plus spectaculaire, c'était d'assister à la manœuvre d'un train de péniches. Derrière le remorqueur, venaient se ranger lentement les bateaux un peu comme des sardines dans une boite, chacun à la place imposée.
La petite écluse était réservée aux automoteurs et l'éclusée s'exécutait plus rapidement. Parfois, il était nécessaire d'aller faire quelques courses à la boutique de l'écluse. Je me souviens que monter à l'échelle, le nez collé à l'odeur saumâtre des parois, ne me plaisait pas car les barreaux, mouillés et vaseux à cause de leur séjour dans l'eau, vous glissaient dans les mains. Arrivé sur le haut, on pouvait s'essuyer avec soulagement.
A l'éclusier, selon les vives et nombreuses recommandations de mon père, il était d'usage de dire bonjour et de décliner au passage : « Picardie, P 5564 F ». Il fallait se dépêcher pour faire les quelques courses à la boutique de l'écluse. A l'époque, les frigidaires n'existaient pas encore et les marinières devaient s'approvisionner aux écluses sur la route pour nourrir la famille. Ces boutiques étaient du genre bazar, on y trouvait un peu de tout, de la nourriture bien sûr : pain, boisson, viande, charcuterie, mais aussi des produits de nettoyage, de la peinture voire des vêtements et des sabots sans oublier les journaux.
A la sortie du chenal de Poses, commençait pour moi le plus beau bief de Seine. Nul marinier ayant pratiqué la basse Seine ne peut oublier le site des Andelys. Après la falaise de la Roquette, à l'approche des Andelys, quand le temps le permettait, je m'isolais loin du bruit du moteur. Assis à l'avant du bateau sur le capot du logement, j'ouvrais grands les yeux pour admirer le château fort qui domine le fleuve. J'avais aussi un regard curieux vers le restaurant la « Chaîne d'or » situé en bordure du rivage, où des convives installés regardaient passer les bateaux. On se regardait en agitant les bras, chacun avec des idées différentes dans la tête. Dans la mienne, il y avait comme le regret de n'être pas assis à leur table et d'appartenir ainsi à un monde à part .
Il y a quelques temps, déjeunant aux Andelys, j'ai inversé les situations . Installé à la terrasse de la « Chaine d'or », avec nostalgie, j'ai contemplé le fleuve mais pas de Picardie...
MME
Merci de nous faires partager vos souvenirs.
Plus de 60 ans après, ils sont intacts.
C'est vrai que lorsque l'on montait aux échelles, on avait le nez contre les bajoyers ou les quais et qu'il se dégageait une odeur que je ressens encore. Parfois, des herbes s'accrochaient aux barreaux ou d'autres éléments plus rebutants !!
Arrivé, en haut, on se frottait les mains au pantalon.... au désespoir de la mère !!!