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Comment le PICARDIE échappa de peu au nez coupé

Par MME • Les archives • Vendredi 30/11/2012 • 7 commentaires  • Lu 3228 fois • Version imprimable

  • Currently 5/5

Note : 5/5 (1 note)

J'avais 3 ou 4 mois à l'époque, donc beaucoup trop jeune pour me souvenir. En revanche, j'ai souvent entendu mon père raconter cette histoire.

Début 41, le Picardie, un bateau de canal, navigue sur un canal du Nord de la France. Un matin, une délégation de militaires allemands vient signifier aux mariniers, bloqués sur le , que leur matériel est réquisitionné par la Kriegsmarine et qu'ils doivent rapîdement débarquer et aller chercher refuge ailleurs... Mes parents, comme tous les autres mariniers obéissent et trouvent  refuge dans une ferme voisine. 
Les bateaux ainsi réquisitionnés sont destinés à l' OPERATION  SEELOWE, en vue d'un débarquement par les troupes allemandes sur les côtes anglaises. Pour les transformer en péniches de débarquement,  il est nécessaire de couper l'avant du bateau sur environ 6 mètres pour  adapter un vantail abattant.
La ferme où se sont réfugiés mes parents est à proximité du . Le lendemain matin mon père vient se renseigner de la suite des évènements. Il est  abordé par un sous officier allemand accompagné d'un interprète : " C'est vous le capitaine de ce bateau... Il ne nous intéresse pas car trop pointu, vous pouvez rembarquer. "

Mes parents reprennent possession du bateau et s'apprêtent à filer rapidement quand arrivent un autre allemand avec le même interprête.
" Vous et votre famille êtes réquisitionnés par l' armée allemande.  Considérez vous comme un prisonniers civils. Deux soldats séjourneront à bord. Vous naviguerez en fonction des ordres qui vous seront donnés. "
Mon père fit remarquer : " le Picardie est un petit porteur, le moteur Diesel fonctionnant  au gazogène  consomme beaucoup de charbon. Mon bateau ne peut vous donner satisfaction".  Réplique du militaire l'allemand : " vos accompagnateurs disposeront d'un laissez passer permanent ; ils pourront s'adresser dans chaque Kommandantur et la quantité de charbon souhaitée pour le diesel vous sera livrée. "


Les deux soldats allemands désignés montent à bord avec " armes et bagages ". L'un  deux parle français. Pour eux commencent les meilleurs moments de leur vie sous l'uniforme. Ils logent dans le logement à l'avant du Picardie. Loin des contraintes des soldats en campagne, ils vont naviguer avec une sensation  de liberté leur faisant presque oublier la guerre.
Sur le Picardie la coexistence est plutôt pacifique. Il y a un poste TSF. On peut y écouter la radio allemande ou la BBC.
L'année 1941, c'est celle de l'Allemagne victorieuse et de la France vaincue et soumise. Aux victoires qui font sourire les uns succèdent les premières défaites sur le front Russe qui inquiètent les autres. L'ambiance sur le Picardie est bonne. A leurs retours de permissions, les soldats rapportent des cadeaux : une chope à bière pour le capitaine, une lessiveuse miniature pour ma petite soeur. Ils font part des bombardements sur les villes allemandes et de leur crainte de se trouver appelés un jour sur le front russe.
La vie continue sur le Picardie, chacun acceptant, bon gré mal gré, les vicissitudes du moment. La consommation de charbon est importante car il sert de monnaie d'échange quand un éclusier propose des volailles, un lapin, un demi cochon. L'un des soldats est charcutier de métier ; son talent est mis à profit pour tuer le cochon et ensuite le découper pour le conserver salé dans un grand pot en grès. Aux départs en permission, leurs sacs sont chargés de victuailles car outre les restrictions sont importantes.

Combien de temps dura cette cohabitation forcée ? Je ne sais pas.
Quel type de voyages effectuait le Picardie ? Je ne sais pas.
Ce que je sais : l'un des deux allemands habitait Rothenburg o. Tauber. J'avais retrouvé dans le logement avant du Picardie une lettre désignant son commerce : Obst und Gemüse.

Le bock à bière offert à mon père est en ma possession depuis mon enfance. Il est la preuve d'une coexistence pacifique possible même en cas de conflit.  Les années sont passées. Je pense qu'il est temps que ce souvenir remonte à sa ville d'origine.  Je vais entreprendre la démarche pour l'offir  à Monsieur le maire de la ville de Rotenburg.   


Commentaires

Comment Picardie échappa de peu au nez coupé par René59 le Vendredi 30/11/2012 à 15:32

 Merci pour cette histoire ,on attend la suite !René


par kikicmr le Vendredi 30/11/2012 à 19:16

kikicmr oh que oui, ça nous intéresse !!! 


Re: V é c u par p boum le Vendredi 30/11/2012 à 19:51

Du  "vécu"  vrai la suite  SVP. Nombreux cas certainement existants.  Cette interressante évocation  peut'etre révélatrice ....

slts  p. boum


Re: V é c u par marite le Samedi 01/12/2012 à 06:07

très beau récit
qui nous fais comprendre que la vie na pas été facile 
pour nos parents
merci


"Le Nez" par mati le Samedi 01/12/2012 à 13:41

                                         

Guy BaB IdF


Re: "Le Nez" par kikicmr le Samedi 01/12/2012 à 21:31

kikicmr Et comme le dit Pascal dans ses "Pensées" : s'il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé ...

bon, il ne parlait à vrai dire pas du PICARDIE, mais n'empêche ! Joli nez ce bateau !


par mothscoff le Samedi 01/12/2012 à 15:35

mothscoff GENIAL!!!! merci beaucoup pour ces aventures si bien racontées!!!! je suis sous le charme.
encore.....
Sophie



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