Bord à Bord Fluvial

C'est vers le 15 octobre que la découverte de cet Hasselteraak sur un site Hollandais vit s'exercer la volonté commune de 3 compères, passionnés de bateaux: Jean-Luc le routier, Alain le cheminot et moi-même fidèlement attaché à la voie d'eau et aux vieux gréements. La visite puis l'examen de la coque nous avait conquis et le rapatriement du bateau s'est effectué en 62heures de navigation depuis Werkendam jusque Bouchain. Le lundi 26 novembre, on largue les amarres vers 8h pour s'élancer au travers le Biesboch, delta de la Meuse qui débouche sur le fleuve 1heure plus tard.
Cette fois ci, on décide d'emprunter le Willemina kanaal et le Zuid Willemsvaart, évitant ainsi la remonte de la Meuse et les "gros bacs" car en cette période hivernale, l'intérêt est de rentrer au plus tôt. Depuis Drimmelen jusque la frontière Belge via Oosterhout, Tilburg et Weert, on navigue sur un canal parfaitement entretenu où sillonne encore quelques bateaux de commerce, des sabliers type Campinois. Pas de plaisanciers à cette période, on avale donc les kms sans aucune difficulté avec des écluses anciennes sur le Willemina et d'autres plus récentes sur le Zuid Willemsvaart. Les nombreux ponts levis s'ouvrent automatiquement car nous sommes détectés tout comme les écluses et tout fonctionne impeccablement sans dysfonctionnement et gratuitement... de quoi rêver! On n'a pas çà chez nous et on paye........cher!
On effectuera le plein de gas-oil chez Neptunia à Liège pour venir en Sambre avec quelques bateaux de commerce. Pas d'encombrement aux écluses, on voit que la crise est là et temporise les affrètements. Le temps reste idéal pour cette saison car pas de vent ni de pluie. Tout au plus une légère brume le matin quand on largue vers 7h. Il faudra que nous franchissions Charleroi pour se retrouver dès 9h dans un épais brouillard qui va nous gêner jusqu'aux ascenseurs de Strépy-Thieu. La visibilité ne dépasse pas 25 à 30m voir moins par endroits. C'est avec une grande prudence et Alain en vigie qu'on vient trémater le "Hejeba" un 1500t qui navigue au radar. Fort heureusement, nous n'avons pas croisé de bateau dans ce long bief. Ce n'est qu'à l'approche des ascenseurs, après avoir annoncé notre arrivée, que l'on se retrouve face à face avec le "Chasseur" un 38m en pleine vitesse avec lui aussi le radar. Alain l'avait aperçu tardivement et nous avons évité un choc frontal en maintenant la barre à droite toutes!! La prudence d'avoir une vigie est de mise dans ces conditions et le seul moyen de se protéger car on navigue en aveugle. Il est évident que ce n'est possible qu'en canal. Fatigué de cette pénible journée on s'est garé à 16h, une fois franchi ce bel ouvrage, bien au chaud dans la cabine spacieuse et devant un petit remontant bien mérité. Le lendemain, notre Boos Jean-Luc viendra nous rejoindre à l'écluse de Obourg et c'est le dimanche dans la matinée que le Vrijheid (Liberté) viendra accoster à son nouveau port d'attache où toute l'équipe s'est réunie dans la bonne humeur et la joie des nouveaux propriétaires.