1. Les points communs :
Au départ ils étaient 4 pétroliers identiques du nom de Motril, Girelle, Giroflée et Monique.
La Gascogne étant une partie du Pays d'Oc, on pourrait les nommer "Les 4 Mousquetaires du Pétrole". Pour nous c'étaient les mêmes avec bien sûr quelques petites différences tel que la motorisation ou le nombre de compartiments. Ils ont fait partie des premiers automoteurs-pétroliers.
Exemple de l'un d'eux le GWADA, (ex Giroflée, Caltex-Elf Gironde)
Ils ont été construits pour les Canaux du Midi, aux Grands Chantiers Navals François De Wachter à Boom (Belgique), en 1931 et 1932 pour la Monique. Leur dimension est 29 m X 5,05 m, creux de 2,20 m sauf 2,80 m pour la Monique.
A l'avant, ils avaient une paire de "bourlingues" en bois de chaque côté.
Autres points communs, ces bateaux n'étaient pas des plus faciles à gouverner mais d'adroits mariniers les ont très bien menés (sauf à la grave....) En montant chargé dans le "Latéral" lorsque la sortie du déversoir est sur le côté, ils n'étaient pas faciles à redresser pour rentrer dans l'écluse.
Une particularité apparaît dans leur construction : les 2 fers-plats qui ceinturent le bateau s'arrêtent sur une rangée de 4 rivets qui doit correspondre à un assemblage de tôles. On le retrouve 4 fois sur chaque bordée.
Étaient-ils construits en 5 tronçons, assemblés par la suite ? Pour les citernes ?
Peut-être que des lecteurs pourront nous éclairer...
2. LE MOTRIL
Il est arrivé sous les couleurs de la Compagnie Industrielle des Pétroles (CIP). Son port d'attache était Frontignan car cette Cie y possédait une raffinerie, la plus ancienne du pays.
Cette usine avait pour nous une grande importance car elle alimentait en carburant les villes de Carcassonne et surtout de Toulouse.
Au départ, c'était la SIFP ( Sté Industrielle Française des Pétroles) puis quelques années après la CIP. En 1949, c'est la Socony (Standard-Oil-company-of-New-York) et enfin la Mobil-Oil en 1955, ce qui fait que chaque génération de mariniers a eu son appellation !
Les autres Cie pétrolières (Esso, Shell, BP, etc.) s'y ravitaillaient aux mêmes tuyaux...
L'ami Michel Bordenave en parle dans le chapitre 3 de la biographie du BP Toulouse-CID :
http://bab.viabloga.com/news/histoire-fragmentaire-des-bp-du-midi-dont-un-deviendra-le-cid-2
Pierrot-l'ancien raconte qu'il y avait 2 postes de chargement, bien organisés, chacun chargeant selon son tour d'arrivée en un temps record.... et qu'après c'était la course !!! Les lundis matin, il n'était pas rare de voir une dizaine de pétroliers qui attendaient de charger.
Ci dessous, le Motril à poste.
La CIP avait d'autres bateaux, dont parmi eux le Cip BX926 (derrière le Motril dans la carte postale au-dessus) et le Vega BX925 qui attend au pont levant de Frontignan.
Pour en revenir au Motril, il était motorisé au départ par un Deutz de 25-30 CV. Il est à noter que beaucoup de pétroliers du midi avaient des Deutz à cette époque.
Il avait 14 compartiments [1], ça allait bien dans les années 1930, car il livrait de petites quantités de plusieurs carburants à plusieurs clients. Le nombre de cuves a dû être réduit selon l'évolution de la consommation et de la distribution dans le Midi.
Quand le Motril est arrivé, il devait avoir une immatriculation Parisienne, siège de la société car on ne le trouve en BX 1176-F qu'en 1933. C'est lors de rapprochements et de scissions de sociétés, fréquents dans cette branche, que cela a du être fait...
Comme beaucoup de pétroliers à l'époque il porte le nom ou proche du nom, de carburants distribués par la Société. A remarquer que cette Cie avait parmi ses navires un Motrix.
Il a échappé aux bombardements aériens des "Alliés" du 25 juin 1944, alors que la raffinerie fut détruite.
Après la 2ème guerre mondiale, les pièces des Deutz installés vers 1930, étaient difficiles à trouver, au bénéfice de Baudouin !!
Lors d'une mutation de société, en 1958, il apparaît un DB4 qu'il conservera jusqu'à la fin de sa carrière pétrolière.
En été 1965, c'est la fin de l'écurie du "Cheval ailé", Pégase, (nom donné aussi à un de leur pétrolier). Ci dessous Logo des années 1960.
Le Motril est alors acheté par Antoine, un artisan marinier qui l'équipe "aux Divers" (Marchandises Générales) au chantier Bordelais Sarthoulet.
Banco ! Maintenant c'est un DK6 flambant neuf de chez Henri qui le poussera ... et la devise du bateau sera "BANCO" .!
Les céréales, les pâtes à papier, etc., rempliront sa cale.
En 1976, le Banco part au gravier (ou plutôt en enfer) comme beaucoup de ses congénères. Lui, ce sera le Lot à Villeneuve où il y sera exploité jusqu'à la fin des autorisations de piocher dans les lits des fleuves et rivières.
Au début des années 2000, on le retrouve au chantier de Ramonville, dans un triste état, pourtant où il naviguait, il n'y avait pas de d'écluse...
Le nom et le N° d'immatriculation attestent que c'est bien le même bateau...
A l'arrière, ce n'est guère plus brillant....
Aujourd'hui, le Banco vit toujours, il stationne dans la traversée de Ramonville.Il sert d'habitation.
http://bab.viabloga.com/news/les-4-petroliers-identiques-de-wachter-2
Remarque [1] :
Attention !! Le nombre de compartiments indiqués par le Véritas n'est pas le nombre de cuves. Ce nombre englobe, les logements (AV et AR), compartiment moteur, balasts, puits à chaîne, pour les pétroliers, les cofferdams et cuves de transport.
Donc il en reste au moins 3 de ces bateaux :
le "Banco" (en logement), ex "Banco" , ex "Motril". (à Toulouse / Ramonville)
le "Gwada" (en logement), ex "Elf Gironde", ex "Giroflée". (à Agde)
le "Marine" (en logement), ex "Vilain Canard" (en logement), ex ??? . (la dernière fois que l'ai vu c'était à Chagny ou à Fragnes)
je sais qu'il y en avait un en ponton Quai Deschamps à Bordeaux surement à Diaz , il avait coulé, je suis sur que c'était un Elf , il y avait la plaque sur le logement mais je ne me rappele plus si c'était le "Garonne" ou le "Gironde".