Fixée sur un piton rocheux, la commune de Castets-en-Dorthe démarre à la passerelle de Mazérac, en amont de l'écluse N°51 de Mazérac sur le Canal Latéral à la Garonne, appelé maintenant Canal de Garonne.
Ce village clôture le canal à l'écluse N°53 de Castets-en-Dorthe et comprend 3 ouvrages. Pour y voir plus clair, ci dessous une vue aérienne de Google-Earth :
Le Canal se jette dans une Garonne très capricieuse avec une différence de niveaux qui peut atteindre 12/13 mètres. Les torrents pyrénéens sur sa rive gauche peuvent avec l'aide des rivières (rive droite) du contrefort du Massif-Central, faire de gros dégâts. A noter que lors de l'étude de la construction du Canal vers la fin des années 1820, il n'y avait pas de barrages de régulation pour écrêter les crues. Jean-Baptiste de BAUDRE, aidé par Jean-Gratien de JOB avaient étudié tout ça avec une équipe de terrain remarquable.
En effet, comment faire terminer un canal dans pareil cas ?
Leur réponse : un escalier d'écluses !
Selon le niveau de la crue, les bateaux pourront stationner au-dessus d'une de ces 3 écluses : Mazérac N°51, Les Gares N°52 et enfin Castets-en-Dorthes la N°53.
1. Écluse N° 51 de Mazérac :
Vers l'amont, c'est le bief Bassanne-Mazérac. Sur la droite de la photo, ce large espace permet d'accueillir un certain nombre de bateaux. Le chantier de construction et de réparations navales CFSO en occupe une petite partie.
La particularité de cette écluse est d'avoir comme à Gailhousty sur le Canal de Jonction, un pont au dessus du sas.
bab.viabloga.com/news/l-ensemble-monumental-de-gailhousty
Lors de la mise au gabarit Freycinet, il a été rehaussé, d'après ce qui se dit, pour le Citerna le Carlitte. Allongée vers l'aval, on aperçoit la chambre des portes des "30 mètres", côté éclusier, une échelle y a été installée, bien vu !
L'accès à cette belle maison éclusière, se fait en gravissant 4 ou 5 marches de manière à ce qu'elle soit au-dessus du niveau de la route et du plateau sur lequel elle été bâtie : lors de crues, le fleuve s'étale et monte moins.
Pour sécuriser le tout, c'est une construction à étage avec grenier accessible.
2. Bief de Mazérac aux Gares :
En aval, le Corsaire est loin d'occuper toute la place.
A noter, beaucoup de changements par rapport à l'activé du transport de marchandises : le Moulin de Mazérac a pris un sacré coup de rabot !
Ce bief de 692 mètres constitue de fait, un échelon plus bas, la 2ème gare d'eau où beaucoup de bateaux peuvent s'y amarrer.
Quand on projetait d'attendre pour descendre à Bordeaux ou un affrètement, c'était le lieu destiné. Les bateaux chargés s'amarraient rive droite (platanes) et les vides de l'autre côté actuellement occupé par la plaisance : moins profond, moins d'ombre, mais plus près du village... surtout qu'"à Castets il fallait avoir de bons pompils (de bonnes jambes), ça grimpe tout le temps !!"
Par temps de crue, quand le bief inférieur était ou risquait d'être inondé, les attentes se faisaient là.
Un peu en amont de l'écluse, il y a un aqueduc-siphon dont on ne voit aucune trace du canal. Un ruisseau récupère les eaux de ruissellement de la colline, passe sous la route puis sous le canal.
Côté route, puis côté canal.
3. Écluse N°52, les Gares :
Pour nous, c'était le Bureau. C'est là où la Capitainerie demeure maintenant. Voir l'article sur l'exposition de 2015.
bab.viabloga.com/news/le-canal-de-garonne-en-images
Pour les promeneurs, une petite passerelle en bois y a été jetée. La maisonnette sur la gauche est le bureau. Au pied de l'escalier les traces des anciennes portes.
Du haut de ce ponteau, vers l'amont et vers l'aval.
L'empierrement est haut par rapport au niveau du bief et les portes d'en bas (aval) ont une large ouverture sous leurs passerelles... mais en temps de crue l'eau se rapproche de nos pieds, comme le montre le petit encadré dans la photo ci-dessous !!
On comprend l'éloignement de la maison éclusière, la quinzaine de marches à gravir et les 4 ou 5 supplémentaires du perron.
C'est un beau bâtiment à 2 niveaux et combles accessibles.
Au niveau de l'avant dernière marche de l'escalier, 2 rainures indiquent le niveau d'eau atteint, dommage une date est illisible ! Celle du bas correspond aux inondations de juin 1875, qui a provoqué la mort de plus de 200 personnes à Toulouse et la destruction de plus de 1200 maisons.
Remarque : les bateaux n'ont pas dû rester dans ce bief !!
C'est à cette maison, très rarement inondée qu'il y avait le Bureau de contrôle où l'éclusier tamponnait "la feuille" (lettre de voiture). Au dessus de la fenêtre, un panneau est encore visible.
Texte :
STATISTIQUES DE LA NAVIGATION
BUREAU DE DÉCLARATION.
On comprend pourquoi on appelait cette écluse, le Bureau depuis peut-être le début de la navigation.
4. Bief des Gares (52) à Castets (53) :
Ce bief de 529 mètres forme aussi la 3ème gare d'eau au dernier niveau du canal. Une gare d'eau au-dessus, une autre en dessous, le nom des Gares s'imposait... donc rien à voir avec le chemin de fer !
Parfois le bief est un peu plus haut !!
Remarque sur ces gares d'eau :
Lors de la descente en Garonne, les bateaux à la marée, descendent à la queue-leu-leu, ce qui nécessite un afflux d'eau, les gares dans ces biefs très courts, servent aussi de réservoir.
5. Écluse N° 53 Castets-en Dorthe.
Elle est appelée aussi d'Embouchure. Elle est détaillée dans un commentaire de l'article sur les recherches historiques :
bab.viabloga.com/news/recherche-historique-ecluse-n-53-entre-canal-lateral-et-garonne#comment_3
Étant à la fin du canal, il faut bien évacuer les excès d'eau, c'est-à-dire rendre à la Garonne ce qui a été pris plus haut, d'où un épanchoir.
La maison éclusière comporte un étage de plus que les 2 maisons précédentes et un escalier extérieur. L'éclusier possède un canot.
Voir le commentaire :
bab.viabloga.com/news/recherche-historique-ecluse-n-53-entre-canal-lateral-et-garonne#comment_12
L'écluse comprend 3 sas, deux à la suite, appelé la "grande écluse" et l'autre de 30m, tout à côté dit "petite écluse" aujourd'hui abandonné.
Tout ça est recouvert par les crues :
6. Musoir et Garonne :
C'est ici que les bateaux prennent la Garonne. La sortie n'est pas simple, Le nez du bateau doit prendre le courant pour aller vers le milieu de Garonne. Si le bateau est renvoyé sur le bord, la poupe risque de sauter sur l'empierrement de la digue jusqu'au pont... heureusement les pierres ont été tellement rabotées qu'elles étaient arrondies et n'étaient pas trop dangereuses !!
Le Pont est dit Eiffel car ses constructeurs ont utilisé la même technique que le constructeur de la célèbre Tour, mais il n'a pas été construit par lui.
Par fortes crues, les pétroliers qui ne pouvaient pas monter s'amarraient un peu en dessous du pont, rive droite, en attendant que le courant faiblisse.
Depuis quelques années, le poste d'attente est situé sur des ducs d'albe à quelques centaines de mètres en aval du pont.
Photo prise du pont :
Ainsi se termine ce Canal Latéral à la Garonne appelé de nos jours Canal de Garonne.
Comme d'habitude superbe reportage de Lougabier, bien agrémenté de belles photos. Je me souviens d'y être baladé avec Monsieur Lanari en 1973. La "Copé" était encore active pour disparaître quelque temps plus tard. Il nous reste les souvenirs et les témoignages des anciens qui ont vécu cette époque tellement différente de celle que nous vivons.