La prononciation est "Gaillousti" , un peu comme le mot "caillou" mais avec un "g" ! (En Occitan le "LH" fait "ILL").
Construit vers 1780, cet ensemble se compose d'un musoir cintré pour atteindre le fleuve Aude, d'un déversoir d'atterrissement, d'une écluse et depuis la mise au gabarit Freycinet, d'une "cale de radoub-sas" sans oublier une belle demeure en pierre de taille. Pour couronner le tout, un pont de belle facture, enjambe le sas principal, avec un escalier aux 4 coins.
Ce lieu étant fréquemment inondable, l'ingénieur GARIPUY, le concepteur, a très bien maîtrisé les risques d'inondations en surélevant la maison et en facilitant l'accès au pont, quelle que soit la hauteur d'eau.
1. Le musoir :
Ici, nous sommes à la fin du Canal de la Jonction, qui relie le Canal du Midi à la "rivière d'Aude". La vue aérienne de Google-earth présente les lieux et montre la courbe que fait le musoir pour que les bateaux sortent "nez au courant". A mon humble avis, la carte de droite, devait davantage se rapprocher de celle de Garipuy !!
Un traille, placée en amont du musoir, facilitait la traversée de l'Aude. Depuis le début des années 1960, nous ne l'avons plus utilisée, mais peut-être que d'autres " l'ont prise"...
L'amarrage des bateaux, la circulation des hommes sont prévus pour plusieurs niveaux d'eau.
2. Le déversoir ou épanchoir :
En remontant le musoir, on atteint le déversoir représenté ci-dessous par un plan et sa réalisation.
Le canal de fuite a été creusé après la crue de 1766, (donc avant l'ensemble) pour atterrir l'étang de Capestang avec les alluvions de l'Aude, mais la faible dénivellation n'a pas concrétisé ces travaux.
Ci dessous, les photos à gauche (entrée côté canal de Jonction) et à droite, (sortie du déversoir) montrent l'intégration de ce canal d'atterrissement.
Les 5 voûtes contenaient chacune 3 vannes, soit quinze en tout si mes calculs sont bons ! ça fait longtemps que les entrées ont été murées.
3. Le sas principal :
Il permet la mise au niveau du fleuve. Il a été allongé par l'amont lors de la mise au gabarit Freycinet (pas pour la plaisance !!) et il a été automatisé.
Comme énoncé plus haut, et vu dans l'article Bab "Crue de l'Aude du 30-11-2014", ce fleuve fréquente assidûment les lieux ...
Voir : http://bab.viabloga.com/news/crue-de-l-aude-du-30-11-2014
Aussi courant décembre 2014, les vérins des vannes étaient en maintenance.....
..... ainsi que le coffret de commande qui s'est retrouvé complètement sous l'eau...
Finalement avec les manivelles et un peu d'huile de coude, ça repartait plus vite !!!
Les anciens disaient "qu'Aude part aussi vite, qu'elle arrive" pour signifier que la durée des crues est rarement longue.
3. Le Pont :
Il enjambe le sas principal, un peu en amont des portes avals. A pied on y accède par 4 escaliers en quart de cône et bien sûr quelle que la hauteur de crue. Sur la photo de droite, les embâcles échoués montrent le niveau des eaux lors de la crue du 30-11-2014.
4. La bâtisse :
Construite en pierre de taille, elle est placée au plus haut. Elle comportait le logement de l'éclusier et celui "d'un garde-canal" car le lieu est sensible. Le côté canal a été vu lors de la présentation du déversoir. Ci-dessous, l'arrière de la maison et le fronton qui, orné d'un bas-relief, est présent des 2 côtés de l'édifice.
La croix "occitane" du bas-relief, représente tout le Languedoc (Haut et Bas), tandis que le lion rampant et les 3 croissants de lune, sont les armes de Monseigneur DILLON (1721-1806). Ce dernier était Président des États du Languedoc de par sa fonction d'Archevêque de Narbonne. Il oeuvra pour relier la ville de Narbonne au Canal des 2 mers (du Midi). Son appartenance à "l'Ordre du Saint Esprit" est représentée par une croix étoilée, située entre les blasons.
Aux extrémités du bas-relief, du côté amont, vers le pays Toulousain, une corne d'abondance verse blés et fruits du Haut-Languedoc, tandis que vers l'aval, un vase alimente le versant méditerranéen, reconnaissable à sa végétation, celle du Bas-Languedoc.
Bien-sûr la symétrie est assurée de l'autre côté du bâtiment, mais elle n'a pas été restaurée et subit les outrages du vent, fréquent dans les environs de Narbonne ! Bonjour la navigation à vide !!!
5. Le chantier de radoub.
Lui, c'est fin du 20ème siècle, il remplace celui de l'écluse de Sallèles d'Aude qui a été comblé lors des travaux d'allongement des écluses. C'est un sas, non automatisé, (de la bonne manivelle !!) uniquement utilisé pour l'échouage du bateau et de sa mise en eau.
Il est prévu pour recevoir les 38m, ci dessous un bateau sur cale mais heureusement sans la crue !!.
Sur la photo de gauche, l''échelle au bas des escaliers sert au niveau du remplissage du sas en fonction de l'enfoncement du bateau. Le zéro est au niveau des tins.
6. Mesures des hauteurs d'eau :
Une échelle indique le niveau de l'Aude, elle était très regardée (et mieux nettoyée car en passant "on y filait un coup de brosse" !), l'été pour voir si l'eau n'était pas trop basse et en période de pluie, si elle n'était pas trop haute ! Bon, c'était souvent une source d'inquiétude, comme on en connaît tous en navigation....
Notons la présence d'un capteur protégé mécaniquement et aussi du batelage par un demi-cintre dans l'entrée d'une ancienne vanne.
A droite, le système d'enregistrement de l'époque des "Ponts & Chaussées" est abandonné depuis longtemps.
Bravo les artistes !!!
Excellent reportage bien détaillé avec des photos qui éclairent d'autant mieux. Question: Lors de la mise à sec du bateau, la navigation s'interrompe pendant combien de temps?