Suivons-là image par image ou presque !
L'exposition "Le Canal Latéral à la Garonne en 80 photos et documents" se situe dans l'ancienne écluse N° 52 "Les Gares", que nous appelions "Le Bureau" ou " Ecluse du Bureau". Une ancienne pancarte au-dessus de la porte, encore visible, justifie cette appellation. "Notre Feuille" (la lettre de voiture) y était tamponnée ainsi que le "laissez-passer-à-vide" quand nous remontions "prendre le Tour" à Toulouse.
A l'entrée, l'horaire des marées et pleines-mers sonne la fin du canal et met tout de suite dans l'ambiance d'une navigation garonnaise plus agitée !!
Cette écluse abrite aujourd'hui la Capitainerie du port de Castets-en-Dorthe.
"Cap'tain Bruno CHANAL accueille les visiteurs.
Du temps florissant de la navigation, le bief amont et le bief aval de cette écluse servaient de gare d'eau.
En principe, les bateaux qui ne souhaitaient pas descendre à Bordeaux, restaient au-dessus de l'écluse des Gares. Le bief aval, ne faisant que 500 m environ, il fallait laisser de la place à ceux qui comptaient descendre et à ceux qui montaient l'écluse N°53 de Castets-en-Dorthe, le tout étant tributaire des heures de marées, de nuit comme de jour...
Pour en revenir à l'exposition, le vernissage a eu lieu le mardi 5 mai 2015.
Bruno la présente à M. le Maire, ....
.... à des représentants d'associations et à de visiteurs.
Les 80 documents, clichés et anciennes cartes postales tapissent les murs de la pièce. Quelques-uns sont repris, par thèmes, dans cet article (avec une qualité médiocre).
1. Castets : trafic et intempéries :
Une barque des Salins du Midi sort de l'écluse de Castets. Cette société salinière avait une flotte d'une quinzaine de bateaux. Ils transportaient du sel de leurs salins méditerranéens pour Bordeaux et revenaient avec des sacs vides, du bois de partènement des tables salantes, de l'alimentation pour leurs chevaux de traits, etc.
A côté, des bateaux stoppés par les glaces. Le canal Latéral, gèle moins que le canal du Midi, dans la mesure où son alimentation produit un courant d'environ 1km/h, mais toutefois, il gèle davantage que la Garonne, les bateaux s'accumulant alors à Castets.
2. Trafic sur la Garonne et à l'écluse de Castets.
Les bateaux d'estuaires ne vont pas au-delà de l'écluse N° 53. Un bateau à passagers desservait Castets ce jour-là pour un concours de pêche, preuve que le canal était aussi un lieu de divertissement.
Un "courreau" dont le propriétaire habite Castets est amarré devant un tas de bois tandis que, dans chaque sas de l'écluse, un bateau va descendre, tout celà prouve une certaine activité du lieu.
3. Agrandissement de l'écluse de Castets :
Au tout début de 1900, l'écluse N° 53 "Castets-en-Dorthe"a été refaite avec la configuration actuelle, pour accélérer les mouvements de descentes et de montées en périodes de faibles eaux qui nécessitent la marée.
4. Construction du pont de Castets sur la Garonne.
Ce pont a été construit en 1905, non par Gustave Eiffel, mais selon sa technique, montrée par de nombreuses photos. Cette méthode rappelle le principe des ponts militaires Bailey, dont bon nombre de mariniers incorporés dans le Génie, ont eu le "plaisir" de manipuler...
Le tablier en treillis est construit à terre sur des rouleaux et poussé au fur et à mesure de son avancée par des hommes (tout-en-haut du tablier) en faisant levier avec de gros madriers.
Castets aujourd'hui avec le pont de Garonne et l'écluse automatisée de descente en Garonne. Le petit sas a été condamné.
Pour clôturer Castets, le moulin de Mazérac et l'oseraie de Barie ne sont pas abordés ici.
5. Les passerelles du Canal de Garonne :
Aux environs de 80 ponts suspendus avaient été construits lors du creusement du canal. Ces ponts avaient un tablier en bois, suspendu par des câbles accrochés à de courts portiques (pylônes) en pierres ou en briques. Les anciens se souviennent de celui de Valence d'Agen, démonté seulement que vers la fin des années 1950, un autre pont avait été fait un peu plus en aval.
Vers 1932-35, ils ont été remplacés par des ponts en béton, en arc de cercle (ou anses de paniers), type "bow-string", pour nous, ça sera "des passerelles".
Ci dessous le pont suspendu Berrat à Fontet et la passerelle de
Quatre entreprises s'étaient partagées le marché, ci dessous photos de construction :
Remarque : le département du Tarn et Garonne a entrepris de refaire, dans le même style, mais plus large, ces passerelles. Pour les ponts concernés ça sera la 3ème génération de ponts depuis la mise en service définitive du canal en 1856.
6. Des Bateaux et des Hommes :
L'exemple d'une famille du "Latéral" et de son bateau.
Les mariniers qui fréquentaient ce canal étaient des "Gascons" tandis que ceux qui fréquentaient le Canal du Midi étaient "des Barquiers"
Daniel à la barre du MARK-TWAIN ll, le dernier de la famille à avoir sillonné les canaux du Midi de Marseille à Bordeaux et même au-delà. Auparavant, il avait fait construire "un Vandeville" qu'il avait appelé..... le Gascon !!
La solidarité des gens de l'eau n'était pas défaillante et se prouvait lors de pannes, d'avaries, d'échouages, naufrages, etc., c'est peut-être pour ça que très tôt, les artisans-bateliers qui fréquentaient le Canal latéral et l'estuaire de la Gironde se sont regroupés. Cette Union Des Transporteurs permettait de :
- disposer de remorqueurs (surtout avant la motorisation)
- s'amarrer à des pontons ancrés à Bordeaux
- stocker des marchandises dans des hangars
- rechercher du fret
- et surtout d'assurer l'enlèvement de la marchandise quelque soit les aléas ( pannes, avaries, maladies, etc.) , en bref fidéliser la clientèle comme la Compagnie Fluviale du Midi (filiale de la CGN-HPLM) pouvait le faire.
Ci dessous, l'U.D.T. en 1935. En 1949, ce groupement rejoindra la Coopérative Artisanale de Transports Fluviaux (C.A.T.F.)
Dans l'expo, le rappel de la 1ère Guerre Mondiale est fait sous forme d'un article sur "un homme du Latéral" qui s'est illustré. Beaucoup de noms de mariniers sont inscrits sur des monuments aux morts des villes qui bordent le canal, quand ils n'ont pas été oubliés...
7. La navigation autour du Canal de Garonne.
Au XIXème siècle, le réseau, avec pour épine dorsale la Garonne, était important grâce à ses affluents : Tarn, Lot, Baïse, Dropt, Dordogne, Isle, etc. Au fur et à mesure de leur abandon, les bateliers qui voulaient continuer le métier, se sont réfugiés sur le Latéral.
Exemple ici dessous, à Lavardac, sur la Baïse qui a fourni un contingent de mariniers entreprenants. L'importance de la navigation encore au début du XXème siècle, se voit à travers cette carte postale : 2 ports et un chantier de construction de sapines.
8. Entretien et travaux du canal de nos jours :
Changement de porte à l'écluse de Mazérac et création de la Voie Verte (aménagement du chemin de halage tout le long du canal en piste cyclable). [ A l'époque on aurait bien aimé avoir ça pour aller chercher le journal, le pain et faire le Tiercé du dimanche !!! ]
9. Bordeaux et l'estuaire :
C'était le véritable point final, représenté ci dessous par :
- un mélange de bateaux, après le Pont de Pierre : coureaux, sapines du canal, Terre-Neuvas à voile, .... A cette époque peu de quais verticaux, mais des "cales"
- un coureau (appelé aussi "gabarre"), chargé de fûts type "bordelaises" d'environ 225 litres.
Seule, une partie des documents et photos a été présentée dans cet article, d'autres sujets sont traités dans cette expos :
- des villes : Toulouse ( début du canal de Garonne), Agen, Moissac, Meilhan, Mas d'Agenais, Castelsarrasin, Fontet et son moulin, mais elles ont été vues pour la plupart dans différents articles de BaB 2 mers.
- des aspects techniques : fonctionnement d'une écluse, d'une pente d'eau, règlement de navigation, liste des écluses...
un vrai régal . que du bonheur comme d habitude bravo LOUGABIER