Suite de l'article 4 : http://bab.viabloga.com/news/canal-d-arles-a-bouc-4
Ce sont les restes du canal d'Arles à Bouc, mis au grand gabarit. Il est à voie unique et est réservé "aux commerces".
1. LA GARE D'EAU DES CIMENTS KERNEOS, Ex LAFARGE
Après le pont St Gervais, en continuant le canal redimensionné, on atteint la gare d'eau de la cimenterie. A notre époque, c'était Lafarge, aujourd'hui c'est Kernéos mais c'est toujours la même usine.
Le pont a été remplacé à la fin des années 1950 par un pont à 2 voies. Le pont levis d'origine a été démonté, stocké et remonté quelques années après à l'écluse de Montcalde, il est ainsi devenu "Le Pont Van-Gogh" vu dans l'article 2.
Entre la fin du pont levis et la construction du nouveau, la route contournait l'usine.
Le pont actuel a été doublé, la route longeant le canal est maintenant une 2 fois 2 voies.
De nombreux bateaux fréquentaient cette usine créée vers 1933 par Lafarge.
Le soir ou la nuit, une fois chargés, des bateaux "cimentiers" pour libérer le poste de chargement "couchaient" sous le pont levis en s'amarrant aux ferrailles et partaient à la pointe du jour.
Comme on peut le voir sur la photo aérienne de 1964, la cimenterie possédait un grand portique qui faisait une boucle, de l'usine au quai.
Un ensemble cabine de pilotage-treuil circulait sur les rails aériens du portique. Elle amenait directement les wagonnets de ciment de la station d'ensachage à bord.
Cette usine fournissait beaucoup de ciment pour l'exportation mais aussi quelques fois pour la région Toulousaine.
Pou "L'export", c'était des bateaux plus spécialisés, car ils fréquentaient le Golfe de Fos. Les sacs de ciment, toujours de 50kg, étaient plus étanches que ceux de l'importation.
Plus d'embouteillage ! La gare d'eau est, de nos jours, déserte.
2. Notre dernier voyage de ciment chargé dans cette gare d'eau.
Sans le savoir, le mois de juillet 1956, a vu notre dernier voyage.
Nous étions arrivés à midi et en attendant notre tour de chargement, le "Pitaine" avait amené les enfants à la plage, d'un "coup de sapinou" (bachot) et en plus, en bordure de mer, il n'y a pas de "moustics" !
Il suffisait de traverser le canal pour avoir quelques km de plage à nous ! Le lieu étant désert et bien qu'il soit déminé, il fallait suivre le Guide sur ses pas au cas où il resterait une mine de la dernière guerre...
Quelques informations sur la navigation dans ce canal d'Arles à Bouc, lues sur le livre de bord :
Route à vide :
- Ecluse Montcalde : 8h15 (PK 2,47)
- L'Etourneau : 10h15 (PK 21)
- Gare d'eau de Fos-Lafarge : 12h (PK 44,30), soit un peu plus de 11km/h, si les calculs sont bons.
Le Chargement :
- Début : 0h45
- Départ chargé avec "les papiers" et 140 tonnes de ciment : 04h45
La remontée en charge :
Nous sommes en pleine période de chaleur ... et d'arrosage, le bief est à -22 ...
- Départ, donc : 04h45 (PK 44,30)
- Ecluse de Montcalde : 12h, (PK 2,47), soit autour de 5,8 km/h.
Attention, ce n'est qu'un exemple, on ne peut pas généraliser, ça donne simplement une idée.
3. Revenons à "notre canal", de la Gare d'eau à Port-de-Bouc :
Le port de l'usine est à la limite des communes de Fos-sur-Mer et de Port-de-Bouc.
Un marinier qui "faisait le ciment", avait loué une maison proche de l'usine. Il raconte qu'il avait la cuisine à Fos et la chambre à Bouc, rappelant ainsi le film du "local" Fernandel "La Loi, c'est la Loi" !
Bouc, n'était qu'un hameau de Fos, mais ayant pris de l'importance avec le port et ce canal, il a pris sa liberté en 1866, en devenant Port-de-Bouc. Le nom de "Bouc" est tout de même encore utilisé.
Sur la photo ci-dessous, prise à la sortie de l'usine, on aperçoit le pont ferroviaire de la Baumasse et les premiers immeubles de Port-de-Bouc.
A côté, la photo montre le poste d'attente des bateaux. L'élargissement vers Bouc, n'a pu se faire car le canal est creusé dans une colline entièrement recouverte d'habitations, c'est ce que l'on appelle "La tranchée de Bouc".
Après "la Tranchée", le canal d'Arles à Bouc se jette dans le Port et le chenal (ou canal) de Caronte qui relie Martigues et l'étang de Berre à la mer.
2 vues prises du quai de Landrivon, côté mer et côté Fos où un pont "Bow-string" rappelle nos passerelles du Canal Latéral à la Garonne.
En face, vers le quai de la Liberté, une seule petite darse persiste. La Société d'avitaillement "L'Auxiliaire Maritime" y avait des ateliers et un poste d'avitaillement. A côté, il y a un Bureau de douane.
Après la seconde Guerre Mondiale, jusqu'au début des années 1950, il y avait "un checkpoint des Gabelous" (poste de Douane). Les quantités d'hydrocarbures (Gas-oil, essence et huile) étaient inscrites sur ce que nous appelions le "Carnet des Douanes", à l'aller (entrée des eaux maritimes) et bien sûr, au retour.
Tout le long du quai Landrivon, les bornes d'amarrage ont été remplacées par des "bornes-lutrins" qui rappellent que les Chantiers et Ateliers de Provence, tout proches, ont construit de remarquables navires et autres bateaux.
Remarque :
Le remorqueur "Marius Chambon" est un "local". Il porte le nom du créateur de la Société de remorquage Chambon qui nomme habituellement ses remorqueurs de port, "Marseillais, suivi d'un N°". On les retrouve aussi à Sète, sous cette appellation.
Qui peut croire, qu'à la place de ce port de plaisance, des milliers de compagnons ont fabriqué des coques de navires sur des cales inclinées ? Une fois mis à l'eau, les navires étaient terminés de l'autre côté du Canal d'Arles à Bouc, dans une grande darse, pas visible sur ces photos.
Pour les Canaux du Midi, ce chantier a construit, par exemple, un des premiers pétroliers du Midi, le Naphtacycle II (LY 1022) en 1927, devenu l'Huguette (Purfina) puis le Nautilus en "divers", et maintenant un bateau-logement.
Un mini-pont levis-Langlois-Van-Gogh est reconstitué sur une ancienne estacade. Il rappelle qu'à la construction du canal d'Arles à Bouc, il y avait une écluse "anti-sel" avec 4 paires de portes busquées en sens inverse et un pont levis.
Au loin, les passes du Port pour "prendre le Golfe" afin de relier Port-Saint-Louis-du-Rhône sans passer par ce canal.
Sur la photo, d'à côté, c'est le port pétrolier de Lavéra. C'est en quittant un des postes, que le Citerna 36 fût éperonné, par un pétrolier maritime en 1979, heureusement sans dégât humain.
Et pour terminer, les anciens bureaux de l'Auxiliaire Maritime, cours du Landrivon.
Beaucoup de mariniers y ont été embauchés pour mener les différents bateaux : barges, mahonnes, remorqueurs, pétroliers avitaillleurs, etc.
Et puis le SAMOEN passe... il va sans doute "poser" à Saint-Fons (près de Lyon).
Ainsi se termine cette série d'articles sur le canal d'Arles à Bouc.
Dommage , cette belle série est terminée! Je ne commente pas car j'ai tout appris sur ce canal que je n'avais jamais visité, à part le début à Arles et les bateaux logements qui y sont.
Donc pas de photos, à ajouter (de toute façon difficile de trouver mieux) et il existe peu de CP sur ce sujet
Merci Lougabier
Guy