Auvergne, 1895. Depuis son enfance, Bérangère, aventurière dans l'âme, rêve de suivre les traces de son père, fameux compagnon de rivière. De tragiques circonstances vont précipiter son destin. La jeune fille devient capitaine d'une sapinière, embarcation rustique acheminant vin, charbon et bois du port de Pont-du-Château jusqu'à Paris. Avec son équipage, descendant l'Allier, la Loire, les canaux et la Seine, Bérangère découvre ce qu'aucune femme de son époque n'est censée connaître : la vie sur un bateau, ses codes, ses contraintes, les caprices des rivières mais aussi la liberté, l'amour sans attaches, la solidarité des hommes. Arrivée à Paris, Bérangère rejoint l'importante communauté d'Auvergnats installée dans le quartier de la Bastille. Mais la nostalgie, un enfant providentiel et l'imminence de la guerre vont avoir raison de son bonheur provisoire...
«La place d'une femme n'est pas sur les rivières, au milieu d'hommes toujours ivres ! [...] As-tu pensé à ce que tu deviendrais entre leurs pattes, durant les vingt ou trente jours de voyage ?» Auvergne, 1895. La téméraire Bérangère rêve depuis l'enfance de suivre les traces de son père Anselme, dit «le Rouge», un batelier réputé. C'est pourtant bien malgré elle que la jeune fille devient précipitamment capitaine d'une sapinière, embarcation rustique transportant des vivres de port en port. Au fil de l'eau, de l'Allier à la Loire et aux canaux de la Seine, Bérangère découvre ce qu'aucune femme de l'époque n'est censée connaître : la vie à bord, ses codes, mais aussi la liberté et la solidarité des hommes. À Paris, la nostalgie, un enfant providentiel et les premiers grondements de la guerre vont-ils anéantir ce bonheur simple ? Roman de la terre, roman des canaux, La rouge batelière est aussi un fabuleux parcours de femme.
"...Gabriel considéra la jeune fille. Il l'avait connue au berceau à une époque où lui-même était encore un flotteur plein de cette vigueur qui l'entraînait par tous les temps à braver la rivière en équilibre sur les radeaux. Puis elle avait grandi, était devenue belle fille, alors que lui voyait ses forces décliner, ses membres s'ankyloser et garder la douleur longtemps après l'effort...
Aujourd'hui se tenait devant lui une jeune femme au corps accompli, au caractère trempé, que rien ne semblait impressionner, tandis qu'il se tenait à peine sur ses jambes, que les lourdes bourdes lui tombaient des mains, qu'il ne pouvait plus manoeuvrer sans que ses épaules, rongées par le temps, ne lui arrachent des geignements de douleur. Gabriel ferma les yeux. Bientôt son corps l'abandonnerait, ses bras, si forts, ses jambes ne seraient plus que des os sur lesquels la peau collerait, sans chair ni souplesse, son coeur se viderait, usé d'avoir tant battu pour le seul plaisir de battre la mesure du temps...
C'était si vite arrivé...
Il aurait voulu emprunter à cette femme magnifique un peu de sa jeunesse et poursuivre sa route, sans fatigue ni crainte de sentir ses muscles la trahir..."
d'après "la Rouge Batelière " de Jean-Pierre Leclerc
Roman - aux Presses de la Cité 2003 - Terres de France
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