Mots-clés : fluviomaritime
Pour le quatrième épisode, je suis toujours en compagnie de Lionel VANDEVILLE à bord du cargo LAGUEPE amarré au port de Salaise. Rappelons que Lionel est pilote de cargos fluviomaritimes et que je poursuis avec lui cette vaste présentation du transport fluviomaritime sur le Rhône et la Saône.
Lionel accoste LAGUEPE au petit quai de l'entreprise GDE
Lionel parle d'abord des destinations des navires fluviomaritimes: "Les destinations import-export des marchandises transportées par les fluviomaritimes correspondent souvent à celles des automoteurs et pousseurs fluviaux. Tout simplement parce que les acteurs sont les mêmes : vendeurs, affréteurs, courtiers, clients. Avec un avantage évident et non négligeable pour le transport par navire fluviomaritime : l'absence de rupture(s) de charge, ce qui augmente la compétitivité.
Les destinations import-export des marchandises, se situent en Méditerranée particulièrement en Italie avec des ports tels que Gênes, Naples, la Sicile, la Sardaigne. En Espagne on citera Barcelone, Tarragone. N’oublions pas la Grèce, la Turquie et de nombreux ports d’Afrique du nord."
TRAMONTANE avalant sur le Rhône à Saint-Vallier, un cargo que Lionel a eu également l'occasion de piloter
Un autre cargo habitué du Rhône: WATERWAY montant, à Tournon Sur Rhône
Lionel poursuit: "A l’exportation on peut citer un gros volume de céréales. Sur ce point précis on ne peut éviter d’évoquer la concurrence du fluviomaritime avec le transport fluvial classique. Le fluviomaritime a comme seul argument à faire valoir la suppression de la rupture de charge en Arles, Port-Saint-Louis, Fos sauf qu’il n’accuse qu’un volume de 1400 à 1800 tonnes, comparé aux 3000 à 5000 tonnes, voire plus des convois et automoteurs regroupés et transbordées dans ces zones portuaires."
Port de Salaise: fin de chargement de maïs et ferrmeture des écoutilles sur le BAYCHIMO (Bateau du Rhône grand gabarit)
"Enfin, le fluviomaritime peut se prévaloir du transport pratiquement exclusif à l’exportation de bois depuis les ports de la vallée de la Saône, de Portes-Lès-Valence, Arles vers l’Afrique du Nord. Cette exclusivité tient au fait qu’une rupture de charge (si l’on faisait appel aux fluviaux…) serait trop onéreuse, vu le faible coût de la marchandise transportée. Il en va de même pour le marché de la ferraille depuis Salaise et Lyon-Herriot vers l’Italie et l’Espagne qui s’est considérablement développé."
ARTEMIS, un autre fluviomaritime transporte, lui aussi, les déchets de ferailles de l'usine GDE depuis Salaise (ici en amont de l'écluse de Gervans)
En conclusion de ce chapitre, Lionel tient à préciser "qu'il souhaite, personnellement et sans prétention, que la concurrence entre le fluviomaritime et le transport fluvial classique reste « saine » dès lors que le transport fluvial en général se développe et prenne des marchés aux autres types de transport. Le fluviomaritime n’est pas le futur à lui tout seul, il y participe simplement."
Pour compléter les propos de Lionel, je rajouterai quelques éléments extraits d'un rapport du Conseil Économique et Social de la Région Rhône-Alpes intitulé "Développement du frêt fluvial en Rhône-Alpes". Ce rapport publié en Avril 2007 met en avant quelques points concernant le fluviomaritime:
* Un trafic de 1,156 millions de tonnes en 2006 pour le fluviomaritime, ce qui représente 17% des trafics manutentionnés par voie d'eau avec une forte croissance pour les ferrailles et les produits métallurgiques.
* Cette croissance du trafic de ferrailles et de produits métallurgiques s'explique par la forte demande chinoise qui a dopé les prix. On apprend, dans ce rapport, que la société GDE à Salaise (dont il a été beaucoup questions dans ces articles) a investi dans un quai et un outillage fluvial en 2003, puis qu'elle a financé, en 2005, deux navires fluviomaritimes pour assurer la disponibilité de cale nécessaire à ses exportations.
* Les contraintes et insuffisances relevées pour la navigation sur le Rhône et la Saône (trop faibles tirants d'eau et tirants d'air , en particulier) sont particulièrement lourdes pour le fluviomaritime: "50 centimètres de tirant d'eau représente 500 tonnes de charge supplémentaire qui permettraient de mieux assurer l'équilibre d'exploitation du voyage de cargos aujourd'hui limités à un chargement aux trois quarts .... la mise en place de 1100 tonnes de lest pour réduire de 10 cm. le tirant d'air sous les ponts coûte très cher."
......... A Suivre .......
Jean Louis VEY (BaB Vallée du Rhône) avec la complicité active Lionel VANDEVILLE
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