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C'est le dernier épisode !!
Quelques détails techniques :
Le lit du canal :
Creusement de la tranchée : vingt mois pour une profondeur de 13,50 m et un plafond de 60 m. Son rayon de courbure inférieur à 2500m, son miroir de 150 m, en ferait "le plus beau et le plus grand du monde" (n'oublions pas, nous sommes en 1931 !).
Afin de limiter l'affouillemnt au sol dû au passage rapide des navires, l'épaisse couche d'argile initialement prévue est remplacée par un revêtement de béton,ciment et pierres maçonnées, le tout permettant une vitesse de 14 noeuds (presque 26km/h) pour traverser en moins de 24h.
Face à son ensablement, la Gironde est canalisée de façon à permettre, sur une passe de 100 m au débouché de l'Océan, un tirant d'eau de 13 m à marée basse. Jugés "problèmes secondaires", les ponts de Bordeaux "seraient" pourvus d'une arche basculante à l'exemple de Rotterdam (et non pivotante comme à Caronte!) mais étudiés que lorsque le principe du canal serait acquis...
Les écluses :
L'avant projet prévoit 14 écluses de 20 à 22,5 m de chute. Chaque écluse comprend 4 sas :
- un grand sas : 390 m X 50 m, tirant d'eau de 13,5 m
- un moyen sas : 240 m X 33 m, tirant d'eau de 9,50 m
- un petit sas : 180m X 24 m, tirant d'eau 8 m.
- un sas de "cabotage" : 120m X 15, tirant d'eau de 6 m.
- à ces 4, il convient d'en "ajouter 1 ou 2 pour les petits et moyens navires"
Les biefs :
Le dessin ci dessous indique la longueur des biefs et des traversées de chaque département. De nos jours, avec la décentralisation, ça donnerait :
- 147,66 km pour la région Aquitaine
- 126,14 km pour Midi-Pyrénées
- 126,2 pour le Languedoc-Roussillon
Le pont canal sur la Garonne, à 30 km environs en aval de Toulouse, comprend deux ponts indépendants, à sens unique de 350 m de long, 50 m de large et bien sûr 13,50 m de tirant d'eau. Il repose sur 9 arches de 26 m d'ouverture, ayant 7 m de tirant d'air sur la Garonne, 4 m de largeur pour les piles. Figure aussi, les traversées de chemins de fer et des routes.
Stratégie militaire :
Faire passer rapidement et sans le danger de Gibraltar, une partie de la flotte, multiplie notre force navale, c'est pour cela que l'Amirauté a soutenu tous les projets du Canal des 2 Mers. L'Angleterre qui détient le Rocher de Gibraltar ne voit pas ça d'un bon oeil, tandis que l'Allemagne juge que ça détruit l'équilibre maritime de l'Europe de l'Ouest...
Les questions qui fâchent :
Nous n'aborderons pas ici, ni le côté financier, ni la rentabilité du projet, mais après une bataille de chiffres des "pour" et des "contre", le projet est abandonné définitivement...
CONCLUSION :
C'est la fin du "CANAL FLUVIOMARITIME des 2 MERS", devenant ainsi le "SERPENT des 2 MERS" !!!
Ainsi, ce canal des 2 mers qui commençait presque comme un poisson d'avril, se termine en "queue de poisson" !!
Ce n'était qu'un petit résumé, vu du côté navigation (et pas forcément objectif !) d'un article de 8 pages, du périodique "L'illustration", N° 4632 du 12 décembre 1931. L'auteur de l'article, est Hector GHILINI.
Nous ne connaissions pas ou avions oublié cette anecdote, nous avions davantage entendu parler de la canalisation de la Garonne, c'est en visitant une exposition sur les canaux du Midi, à Lagruère dans le Lot et Garonne que nous avons découvert cet article.
Pour la petite histoire, l'organisateur de cette exposition, Jean-Marie RICHON, enseignant retraité de l'Education Nationale, passionné par le Canal, nous a dit, qu'étant enfant, chaque fois qu'il voyait passer un bateau, il notait sur un cahier d'écolier un maximum de détails : nom du bateau, du propriétaire, port d'attache, cargaison, etc...
C'est vrai que lorsqu'on naviguait, on voyait des gens nous regarder, mais tout noter sur un cahier, ça on n'imaginait pas !!
Reportage très intéressant; j'ignorais qu'un projet de cette ampleur avait été étudié. S'il avait vu le jour, le Sud de la France serait devenu une région stratégique "délicate" (route du pétrole pour l'Europe du Nord, etc....).
BOA