Ce week-end, cette petite barge de chantier a rompu ses amarres dans le Tarn. Elle a dérivé du pont "Cacor" au "Petit Bézy".
Le fait est relaté dans l'article du quotidien régional "La Dépêche du Midi".
Profitons de l'occasion, pour découvrir ou redécouvrir les lieux avec un brin d'histoire fluviale locale.
La vue satellite ci-dessous, permet de voir le trajet de la barge et les différents obstacles franchis, et sans pilote !!
Ce bateau est utilisé pour sortir les embâcles du pont de chemin de fer au lieu-dit "Cacor" qui enjambe le Tarn, à quelques km en amont de Moissac dans le département du Tarn & Garonne.
Sur cette vue aérienne, le premier, le pont canal, est un mélange de pierres et de briques, il a été bâti en 1845. En amont, le second, pour la voie ferrée a été reconstruit et mis en service en 1932.
La ville de Moissac, bien connue pour son chasselas et son abbaye, est d'autant plus sensible au nettoyage de cette rivière, qu'en 1930, de grandes inondations y ont fait plus de 120 victimes, le pont ferroviaire a même été emporté. Des articles de presse de 1930, relatent le rôle important des mariniers au sauvetage des populations.
A l'origine pas de treillis, le tablier a fait barrage.
Durant la reconstruction du pont, la circulation des trains n'a pas été interrompue, elle a été déviée et a emprunté le pont canal du "Canal Latéral à la Garonne", qui lui, a tenu le coup...
La banquette, rive droite du pont canal a reçu le ballast, les traverses, les rails, etc. Les trains de la ligne "Océan-Méditerranée", appelée aussi "Cette-Bordeaux" y circulaient au pas de 1930 à 1932. Les anciens disaient, qu'il ne fallait pas y naviguait quand un train l'empruntait.
A droite, vers les années 1970, bien sûr plus de voie ferrée ! Le "VAL D'ARAN", un "Vandeville" (sister ship du "TALISMAN" plusieurs fois évoqués sur BaB), emprunte ce magnifique pont canal, il descend vers Bordeaux, certainement avec des céréales.
Le mariage de la pierre et de la brique est du plus bel effet, notamment lorsque le soleil est de la partie.
"Notre barge ivre", si elle était amarrée sous le viaduc ferroviaire, y est passée dessous. Elle a continué vers Moissac, et elle est passée devant l'écluse du canal latéral de "Descente dans le Tarn" comme on l'appelait. D'après ce qui est indiqué, elle remontera par là.
Elle a ensuite franchi l'ancienne chaussée du Moulin de Moissac, dont il reste encore le vestige de l'écluse qui permettait la navigation des 30 mètres dans le Tarn.
Elle a ensuite distribué quelques "gifles" à une arche du pont Napoléon emprunté par l'ancienne RN113, Bordeaux-Marseille et a rejoint "Garonne" au confluent, près du village de Saint-Nicolas-de-le-Grave où maintenant une base nautique profite d'un plan d'eau.
Saint Nicolas, on comprend bien cette appellation si près du Tarn et de la Garonne naviguables à l'époque, mais de la "Grave" ? La réponse est dans cette ancienne carte postale, ci-dessous, prise du célèbre belvédère, le "point de vue de Boudou"...
Le plan d'eau a recouvert tout ça lors de la mise en eau du barrage de Malause, quelques km en aval de Saint Nicolas, dans les années 1968-1972. Ce barrage est "multitâche" : il est muni de turbines électriques pour la production d'électricité, il sert au refroidissement de la centrale nucléaire de Golfech et aux activités touristiques de Saint-Nicolas-de-la-Grave. Cerise sur le gâteau, il a un ascenseur à poissons qui permet aux aloses, saumons et autres, d'atteindre leurs frayères loin en amont.
Toutes ces communes sont limitrophes.
Revenons au périple de notre barge, elle a aussi passé le pont "COUDOL". Ce remarquable pont suspendu traverse la Garonne, le canal latéral et la voie ferrée "Cette-Bordeaux". Après bien des problèmes de construction, il a remplacé un des bacs qu'il y avait tout au long du parcours du fleuve et des rivières.La route que l'on voit en contre-bas est l'ex RN113...
Dans l'article, il est mentionné que le bateau a été "intercepté" au lieu-dit "Petit-Bézy", commune de Boudou.
Ce qui n'est pas dit dans l'article, c'est que nous ne sommes pas loin du barrage de Malause et du canal d'amenée des eaux de refroidissement de la centrale nucléaire de Golfech...
Ainsi ce petit fait divers, nous a permis de relire un peu d'histoire fluviale d'une partie du Tarn et de la Garonne. Les "Remorqueurs Tarnais" y ont cessé toute activité depuis un peu plus d'un siècle, comme le signalait Michel en janvier 2008.
Lien : http://bab.viabloga.com/news/les-remorqueurs
Tres bel article, d'ailleurs remarqué par le blogging quotidien de FLUVIAL
Bravo et Merci Lougabier