En terme "rugbystique", on change d'aile !!
Quelques mariages plus tard, les deux chantiers deviennent vers 1833, "Usine de Construction Navale Chaigneau et Bichon".
A cette époque, les sous-marins ont un faible rayon d'action, la Sté Schneider pour livrer les commandes vers l'Amérique du Sud, imagine en 1912, un "porte sous-marin" construit dans ce chantier. Comme souvent, l'idée est empruntée à la nature : tel un Kangourou, le navire transportera sa progéniture dans sa cale.
C'est le même principe que la barge le Porteur, sauf que le sous-marin entre par la proue car à l'arrière il y a l'hélice ! Tôles et membrures de l'avant sont démontées puis le "navire-dock-flottant" est lesté afin que le submersible puisse rentrer dans la cale munie de tins.
Les ballasts du navire sont vidés, le sous-marin repose sur ses tins.
Les caractéristiques sont d'environs : 5500 Tonnes, 850 CV, 93m de long sur 12 m de large, 6m de tirant d'eau. Sa vitesse de 10 noeuds correspond à celle d'un "bon" cargo de l'époque. Ce bateau révolutionnaire pour l'époque, n'aura pas la chance du Porteur. Après quelques livraisons, il est réquisitionné en 1914. Il est coulé en 1916 par un sous-marin Allemand, un acte de parricide en quelque sorte !!!
Revenons à ce chantier Girondin, en 1923 l'École Pratique des Chantiers de la Gironde ouvre ses portes. Elles se refermeront en 1965, après avoir formé plusieurs générations d'excellents compagnons dont on retrouvera certains dans "nos chantiers fluviaux".
Au lendemain de la 2ème guerre mondiale, le rythme reprend tant pour la "Royale" que pour la "Mar-mar" (Marine Marchande).
Inutile de préciser que lorsqu'on passait devant ces cathédrales métalliques, les enfants étaient aux premières !!! avec l'espoir de voir fonctionner la grue de 518 tonnes !!
Le dernier bâtiment de guerre pour la Marine Nationale est l'Escorteur d'Escadre Jauréguiberry mis à l'eau en novembre 1955.
Un journal interne est édité, dont le nom et le logo ne manquent pas d'humour !
Lors de la réorganisation des chantiers navals en France en 1959, le site n'est pas retenu. Le Chantier Girondin ne peut pas assumer des constructions de plus de 30 000 Tonnes et la concurrence Japonaise vient s'associer à ce handicap.
De 1961 à 1968, les commandes sont en perte de vitesse avec 28 unités construites : 7 cargos, 3 minéraliers, 1 pétrolier, 2 méthaniers, 1 chimiquier, 11 chalutiers, 2 bacs et 1 barge. Ce large éventail montre le savoir-faire du site mais aussi une absence de spécialisation qui pèse sur le coût de production...
Vers 1969, il n'y a pratiquement plus d'activité, le dernier bateau construit est le remorqueur Abeille7 mis à l'eau en 1972.
Le chantier fluvial Jean Hurmic à Langoiran, une cinquantaine de Km en amont de BX, travaillait en sous-traitance pour eux en menuiserie/charpente. Après la fermeture des Chantiers de la Gironde, quelques compagnons chaudronniers sont venus renforcer l'équipe de Jean Hurmic et ont travaillé sur nos bateaux du Midi.
Le site est abandonné pendant quelques années puis sera occupé par diverses sociétés pour une activité navale tournée essentiellement vers le pétrole. Après plusieurs crises pétrolières, le groupe Pétromer tourne la dernière page en 1984.
Les différents noms donnés à ce site, les changements d'actionnaires ne sont pas évoqués dans ce modeste résumé.
Remarque :
Une unité construite pendant les derniers temps, est présente sur BaB, c'est le pétrolier Pierre Lafitte (1979) ou le Jacques Lafitte (1982) que l'on voit à Sète se diriger vers le dépôt de Balaruc : voir 4-avitailleurs-dans-4-ports-différents posté par Marité.
Lui aussi a fait les 2 mers !!
Bonsoir "Lougabier",
Très intéressant reportage, "très fouillé" et bien présenté, sur une page d'histoire peu commune. Nous avions un savoir faire extraordinaire que ce soit en fluvial que maritime.
Le JAUREGUIBERRY nous est resté avec le magnifique film: "Le Crabe-Tambour".Celui-ci a éveillé des vocations parmi nos jeunes et moins jeunes d'aujourd'hui.
BOA