J’ai 70 ans et ai habité Sèvres, rue Troyon, de 1950 à 1969.
De notre fenêtre, nous voyions la Seine et son île Seguin recouverte par les usines Renault. Passaient sur la Seine, de grandes péniches transportant du sable, et les « merdeux ». C’était des péniches non autonomes, tractées par un remorqueur. Il pouvait y en avoir 3, 4 (j’ai un peu oublié).
J’ai bien connu une famille de « merdeux » (ce mot « merdeux » je ne l’ai jamais entendu durant mon enfance -ce devait être les autres qui les nommaient comme ça. La famille Wattiau (Paulo, Cécile, Christiane, Sylviane et mes deux copines Geneviève et Monique). Perdue de vue. Mais les souvenirs sont là !
Quand le remorqueur sifflait, nous nous mettions à la fenêtre et échangions avec nos amis de grands signes.
Si la péniche semblait « haute », donc vide, il y avait des chances pour qu’elle accoste à Sèvres, à dix minutes de chez nous. Nos amis seraient là pour quelques jours. Paulo brancherait de gros tuyaux à une sortie d’égout qui sortait des berges..L’odeur ? Oui, il y avait une odeur. Des odeurs plutôt. Celle des goudrons qui recouvraient la coque, celle de la vase de Seine, et peut être une odeur de merde. Ça ne m’a jamais gêné. Ce sont des odeurs retrouvé parfois dans les ports.
Si la péniche était « basse », pleine, ils essayaient de nous faire comprendre où ils allaient. La Briche, Argenteuil…ou vers Chatou, Achères. Je n’sais plus, Avec notre 4CV nous allions parfois les retrouver le temps d’un dimanche. Nous, les enfants, avions le droit d’aller jouer « à terre ».
La permission nous était donnée d’aller jouer « à terre ». D’abord marcher précautionneusement sur la souple et longue planche jetée entre la péniche et la terre. Et enfin courir sur les berges ! ou jouer au toboggan sur les immenses tas de sable qui servait au béton parisien.
Bien plus tard, j’ai pris conscience que ces mariniers là, avaient une vie rude. Cécile cuisinait dehors en été comme en hiver sur une grosse cuisinière à charbon. L’habitat était comme une grande cabane en bois. Mais une cabane impeccablement peinte. Paulo savait faire lui même ses peinture et a appris à mon père. Pour 6 personnes c’était vraiment petit. Pas de salle de bain, évidemment, et les WC dehors.Mes copines n’allaient pas à l’école. C’était Christiane qui leur faisait l’école.
Je ne vous parle pas des rares virées en bachot à la godille….. du poulet partagé en dix (ma madeleine de Proust)….. et du mot macchabée que j’ai appris enfant et compris bien plus tard…. Mais c’est une autre Histoire.
Kvie
Beaux souvenirs..
Je complète avec une photo personnelle d'un convoi de "merdeux" de la SARP ,
se préparant à entrer dans l'écluse de Suresne direction Paris
Soyez indulgent pour la qualité, c'était une de mes premieres photos....(j'étais etudiant avec un appareil de bas de gamme!)
Je ne me souviens plus du nom du remorqueur, le chaland qui suit c'est le RUEIL
Guy BaB IdF