Si la feuille d'érable pour le Canada, le cèdre pour le Liban, sont les emblèmes de ces deux pays, celui des "Pays du Canal du Midi" pourrait être le platane ou sa feuille !!
Aussi, beaucoup de localités riveraines, ont-elles dans leur présentation, des vues de notre canal, tel ci dessous, le site Web de Portiragnes PK218 dans l'Hérault :
Depuis 2005, les platanes du canal du Midi sont atteints par la maladie dite "chancre coloré" due à un champignon microscopique. Il est apparu d'abord dans le bief de Villedubert, (PK113), à une douzaine de Km en dessous de Carcassonne), puis ne cesse de gagner du terrain. A l'origine des Etats-Unis, ce champignon a "débarqué" en France, en même temps que les caisses de munitions de la deuxième guerre mondiale. Notre Pays n'est pas le seul touché, ni même notre Grand-Languedoc (Haut et Bas Languedoc).Longtemps resté en sommeil, son réveil s'annonce douloureux, malgré les recherches scientifiques, rien n'est encore trouvé de valable pour l'éradiquer et de plus, il s'attaque aussi aux arbres sains. Il ne faut pas le confondre avec le "Tigre du platane", genre de punaise microscopique (et non un gros chat !!), ni avec "l'oïdium", un autre champignon.
En 2006, le premier alignement de platanes est abattu à Villedubert. Ils seront prochainement remplacés par des "TILLEULS ARGENTES" de 4m de haut.
Prenons l'exemple de Capestang (20 km au dessus de Béziers) PK 189, après le pont métallique.
Les dégâts occasionnés par cette maladie apparaissent sur ces 2 photos prises en juillet 2011, époque où la végétation est la plus importante :
Vue "d'en haut" (clocher du village), à droite 4 ou 5 platanes n'ont pratiquement plus de feuilles...
..... et à partir du chemin vue "d'en bas" vers les cimes on note aussi l'absence de feuillage...
L'eau est un important vecteur de transmission, d'où une expansion fulgurante de la maladie. Au début, l'hypothèse qu'elle ne remonterait pas le cours de l'eau s'est avérée malheureusement fausse.
La ville de Trèbes vers PK 117-118, (après Carcassonne) en a subi les assauts.
Avant et après l'abattage, (prendre la maison pour repère).
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Derrière Mme Emilie COLLET, Mme Environnement de VNF et de M. Louis GODARD, ingénieur de la Subdivision, on aperçoit la portion de canal sans les arbres, la maison apparaît mieux !!
Les 3 rangées de platanes avant et après :
La première campagne de replantation vient de démarrer ici, au dessus de l'écluse de Trèbes, le 25 novembre 2011, en "grande pompe". Ce sont des PLATANORS d'une hauteur respectable (6m), une nouvelle variété de platanes, beaucoup plus résistante au chancre coloré.
Le Canal du Midi est classé au Patrimoine Mondial de l'Humanité par l'UNESCO (7/12/96) et figure sur la liste des sites classés par le Ministère de l'Environnement (4/04/97). il est à noter que ces classements n'apportent aucun moyen financier supplémentaire... et à plus ou moins long terme, ce sera l'intégralité des alignements qui seront à faire.
Si l'abattage est géré par VNF pour des questions de sécurité, la replantation est supervisée par la "Commission des Sites Classés". Le principe retenu est de varier les essences et de mettre les platanors dans les villes, comme au tout début des plantations des premiers platanes.
L'abattage doit suivre une procédure très stricte afin de limiter la contagion : désinfection des outils, 7 platanes (ou 50 m) de chaque côté de l'arbre infecté doivent être abattus et brûlés sur place. Il n'y a donc pas de récupération possible de ces centaines de stères de bois. En plus de l'effet dévastateur, la facture s'annonce lourde... Pour le moment, toute l'attention se porte sur le tronçon Castelnaudary à la mer.
Un autre problème est soulevé, le maintien des berges car le platane a un système racinaire bien adapté à la résolution de ce souci. Sur ce dernier point, c'est à moyen terme que la question se posera. Sur la photo ci dessous, dans le bief de Raonel (près de Narbonne), le déplacement d'eau, fait apparaître les racines.
Autre élément intéressant dans le choix du platane, il se contente de peu et pousse très vite ... s'il trouve l'eau !!
Quelques spécimens de racines à Argeliers vers le PK 171, dans le "Grand Bief".
Les premiers platanes du canal ont été plantés à Nourouze, bief de partage des eaux, vers 1780, puis dans les traversées des villes vers 1800. C'est sous Napoléon III, le canal étant géré par la "Compagnie des Chemins de Fer du Midi", (et oui, ce n'est pas une blague !) que le plus grand nombre de platanes a été placé, tout comme aussi le long des routes...
Pour évaluer la date d'implantation, on peut observer sur les cartes postales la grosseur des arbres.
Écluse de la Charité vers 1900 et vers 1980.
Et du temps du RIQUET ??
Bien que ça paraisse paradoxal, pas de platanes !!
Au tout début, les berges étaient louées aux paysans pour les cultiver : sur 250 Km, ça en fait des hectares !! Mais assez rapidement, les gérants du canal (famille RIQUET), conseillés par VAUBAN, voient que le labourage et la présence de terrains fraîchement travaillés favorisent l'écoulement des terres dans les biefs, des plantations d'arbres ont alors succédé (fruitiers, chênes, etc.). Plus tard, ce sera en grande partie par des platanes avec tout de même quelques alignements de pins et de cyprès, ces derniers protégeant bien du vent...
A gauche, bief de Saint Jean (peu après Carcassonne), photo prise lors du chômage. A droite, à la "Jonction" près de l'embranchement du canal vers Port-la-Nouvelle.
La presse régionale, "Midi-Libre" pour le Bas Languedoc et "La Dépêche du Midi" pour le Haut Languedoc suivent l'évolution du problème dans la mesure où le canal est un atout essentiel du tourisme et que la population locale est très attachée à cette oeuvre. La presse nationale ("Le Monde", "Libé", etc.) a bien relayé l'information ainsi que la TV.
On croise les doigts pour le Canal Latéral à la Garonne épargné jusqu'à ce jour.
Affaire à suivre donc, en espérant que les canaux du "NORD" (tout ce qui est au dessus d'Avignon!!) ne soient pas atteints à leur tour.
Article très intéressant, J'ai vu un reportage à la télévision sur ce sujet, il y a quelques mois.
C'est bien dommage que l'on soit obligé de couper ces platanes qui donnaient au canal un visage tout à fait particulier. Il doit être bien triste maintenant ! Mais quoi faire ?
Vous avez raison d'insister sur la consolidation des berges car le processus de dégradation (courant, remous des bateaux, rats, affaissement ordinaire) est parfois très rapide et peu faire disparaître le chemin de halage dans des cas extrèmes. Chez nous, ce n'est pas rare.
Autre inconvénient peu spectaculaire et pourtant très important, surtout dans le midi, c'est l'évaporation de l'eau du canal. Les arbres ont besoin d'eau, c'est évident, mais le soleil en prendra beaucoup plus ! C'est aussi l'une des raisons qui a conduit nos anciens à planter partout le long des voies d'eau.
J'en ai vu de jolis canaux, touristiques le plus souvent, dans bon nombre de pays. De ce point de vue la France est plutôt bien loti avec le Bourgogne, le Nivernais, le Nantes à Brest, etc.Mais le Canal du Midi, avec son histoire hors du commun, surpassait tous les autres avant que l'on ne coupe les arbres (enfin, ce n'est que mon avis !).
Dans notre région du Nord, les arbres que j'ai connus enfant sur les berges de la Lys et des nombreux canaux ont disparu. Rien n'a été replanté, c'est dommage.
BOA