Le Port Neuf sur le Canal du Midi, n'a pas été construit par Paul Riquet. Il a vu le jour vers les années 1856-58, il a été effectif lors de la mise en service du Pont Canal de Béziers et de la portion de canal qui évite le "passage en rivière d'Orb".
Une passerelle sous l'écluse de l'Orb permet de dominer tout le port.
Notre petit tour du Port Neuf débute donc sous l'écluse de l'Orb avec ci dessous une vue contemporaine et une vue ancienne, presque un siècle les sépare...
Au fond, c'est l'écluse de Béziers que l'on retrouve parfois dans des cartes postales anciennes sous le nom de Pont-Rouge. L"appellation "Pont-Rouge" est pourtant utilisée pour la demi-écluse du Canalet de l'Orb.
A droite, avant le boum des céréales des céréales des années 1957, les bateaux en bois qui attendaient un affrètement s'amarraient à l'ombre des platanes. Les odeurs et la poussière de l'usine d'engrais biterroise "LA LITTORALE" n'étaient pas des plus agréables, mais l'ombre limitait la sécheresse des bateaux en bois.
Aujourd'hui les bateaux logements leurs ont succédés.
Quelques uns ont été photographiés :
- le luxemotor OMEKO.
- Le LALIBELA :
- le RONCEVAUX : il est transformé en "Cabinet de Beauté Permanente", à ne pas confondre avec "notre Citerna" du même nom.
- et pour finir la rive droite, un inconnu à deux cheminées !
Passons à la rive gauche...
La grue est toujours présente. Comme dit "Pierrot l'Ancien", "entre le charbon,le ciment, le soufre et bien d'autres choses, elle en a vu passer des marchandises ! Elle a rendu bien des services surtout à ceux qui n'avaient pas de mât de charge."
Même si sa conception semble rudimentaire, sa construction est une des plus respectueuses de l'environnement : le contrepoids est une simple pierre tandis qu'une couronne munie de petits étais remplace la taille de dents d'engrenage et assure avec un pignon, une parfaite rotation.
Après la visite de la grue, les spécialistes des immatriculations BX et LY vont pouvoir mettre leurs tableaux à jour...
Le premier bateau est le CAP DE MIOL. Ce LY 1544 balade une centaine de passagers vers Colombiers, le tunnel du Malpas, etc. dans la "grande reculée", expression utilisée par nos anciens pour désigner "le grand bief", c'est à dire d'Argens à Fonsérannes. La traduction de ce nom languedocien en français est "Tête de Mule", il n'était pas rare que des enfants pas très obéissants, soient qualifiés de cette appellation !!
Ensuite, on passe au VENT DU SUD, LI 9174 transformé en passagers de 150 places.
"A son double", est amarré le MONTO DABALO, BX 1614, surnommé "l'ascenseur de Fonsérannes" car en saison, quotidiennement, il passe "les Neuf écluses", nom donné à l'écluse de Fonsérannes, même si ses neufs sas ne sont plus utilisés depuis longtemps...
En occitan, le nom signifie "Monte-Descend", il désigne un ascenseur, appareil qui n'existait pas du temps de l'utilisation de "la Lenga Nostre" (l'Occitan)...
Un peu plus loin, c'est un Nantais, le MANON NA 1593. Les commandes d'embrayage et "des gaz" (non vues ici) portent à croire qu'il est équipé d'un Baudouin.
Maintenant plaçons-nous en amont de l'écluse de Béziers. On retrouve au fond, l'écluse de l'Orb et la cheminée de l'usine à gaz (carte postale ancienne ci dessous). Le quai était à cette époque copieusement rempli de barques et bordé de chais et d'entrepôts. A part deux anciens bâtiments qui témoignent de leur présence, de petits immeubles leurs ont succédés aujourd'hui..
Pour les "Barquiers du Midi", le Port Neuf, c'était aussi "Plaisance".
En effet, à côté de l'écluse de Béziers, ce café-restaurant faisait aussi guinguette et dans les années 1930. Quand le Port Neuf était plein de bateaux, beaucoup de filles et de fils de Barquiers y ont fait leur jeunesse perpétuant ainsi les lignées de familles marinières...
Pour la génération suivante, "Plaisance" était surtout fréquenté à "l'heure du Berger" (le pastis !) ou du "demi". Dans le Midi, très peu de vin était consommé dans les cafés en dehors des repas .
Remarque : cette carte postale ancienne a été amputée de son timbre au détriment d'une collection familiale de timbres ... Les cartes postales étaient les premiers SMS ! Au dos, il n'est pas rare d'y trouver des informations sur les chargements, la position des bateaux familiaux et aussi celle des bateaux concurrents... Tout cela a motivé la scolarisation des enfants de Barquiers.
Ainsi la boucle est bouclée, mais beaucoup de renseignements manquent sur ces bateaux, et maintenant à vos recherches !!!
Lougabier.
Le MANON est un passagers sur lequel j'ai navigué, pour la première fois sur le canal du Midi, en septembre 2013.
Il est effectivement équipé d'un Baudoin, DK2, et je croix me rappeler, 50 chevaux. Une particularité, c'est qu'il est arrivé sur le réseau du Midi, clandestinement, en passant par le large, depuis Saint Nazaire, jusqu'à la Gironde.