L'antenne Nord-Est de Bord à Bord ne serait pas l'antenne Nord-Est de Bord à Bord sans son article annuel sur le passage du brise-glace. Le voici donc, mais rassurez-vous, il ne reste plus de glace en cette fin mars : les photos ont été faites début février.
Il a fallu innover pour faire quelques photos dignes d'intérêt : en effet, le bateau est le Cindy, le même que dans l'article de début 2008 (http://bab.viabloga.com/news/le-cindy-dans-les-glaces) et le brise-glace est le Duroc, le même que dans beaucoup d'articles. Le risque était donc de publier un article ressemblant beaucoup à celui de l'an dernier. J'ai donc été chercher du "spectaculaire" du côté des grands ouvrages du bief de partage des Vosges du canal de la Marne au Rhin, entre Alsace et Lorraine.
L'hiver a été particulièrement froid cette année. Bah nous on est Lorrains, on a à peine senti qu'il faisait un peu frais début janvier... Les agents de la Navigation ont signalé jusqu'à 24 centimètres de glace par endroit.
Le Cindy devait faire un voyage de sable de Gambsheim à Thionville. Tout d'abord, fermeture à la navigation du canal, pour cause de gelée trop forte. Puis la glace a été cassée par le VAL DE ZORN dans un premier temps jusqu'à Hochfelden, pour les bateaux de Beton Fehr qui font des voyages Eschau-Hochfelden. Et là, longue attente... Le service de la Navigation de Strasbourg ne pouvait pas casser en amont, la glace étant bien trop épaisse. C'est début février que la situation s'est débloquée.
Sur le versant Meurthe, le DUROC monte attendre le bateau à Réchicourt (limite des services de la Navigation de Nancy et Strasbourg). Le voici à l'écluse 20 de Crévic, le 09 février :
Pendant ce temps, versant du Rhin, le brise-glace VAL DE SARRE ouvre le canal au Cindy. Ce pousseur brise-glace sert sur le canal de la Marne au Rhin depuis que le canal des Houillères est fermé l'hiver. Le 12 février vers 16h, arrivée à l'écluse 18, la dernière avant le plan incliné d'Arzviller, pour passer la nuit.
Le brise-glace est déjà en amont du plan, prêt à casser le grand bief le lendemain.
Le 13 février, passage du plan au petit matin :
Notons au passage que la montée du bac s'est faite à vitesse réduite, 20 minutes au lieu de 4 habituellement. En effet, de gros travaux sont réalisés pendant les chômages d'octobre à décembre depuis quelques années (encore un gros chômage en 2009 et ça sera fini). Le Cindy était donc un des premiers bateaux à repasser le plan, qui était encore en période de test : en effet, plutôt que d'effectuer les essais quand il n'y a pas de trafic, avec un bateau du service de la Navigation par exemple, il vaut mieux attendre qu'un commerce se présente... Heureusement tout s'est bien passé, et la plaisance pourra franchir l'ouvrage à vitesse normale l'été prochain.
Après le plan incliné, le bief de partage offre encore de beaux ouvrages à traverser : il s'agit des voûtes d'Arzviller et de Niderviller, longues respectivement de 2,3km et 475m. Voici la tête Est du souterrain d'Arzviller :
On voit encore, sur la banquette, la voie ferrée de 0,60m de la Traction de l'Est, datant de l'époque où les bateaux étaient tirés sous terre par des tracteurs électriques ; elle se prolonge aussi à l'extérieur mais est recouverte par "l'épaisse" couche de neige.
Le Cindy arrive par le canal d'accès amont du plan incliné et passe au niveau de l'embranchement de l'ancienne vallée des 17 écluses remplacées par le plan, puis s'engage sous l'ouvrage :
Happé par une longue et intéressante conversation avec l'agent responsable des tunnels, je laisse s'enfuir le Cindy, et j'apprends plein de choses sur le fonctionnement du plan incliné. En effet, un surveillant gère le passage des bateaux dans les souterrains. Il faut vérifier entre autres les données des capteurs de monoxyde de carbone, et allumer la ventilation au cas où l'alarme se déclencherait. Des caméras permettent de s'assurer que les bateaux n'ont pas de problème à chaque tête des tunnels (pas de caméra à l'intérieur).
Une fois le bateau passé, le surveillant éteint les lumières et met en sécurité l'accès au plan incliné. Pour ce faire, il ferme la vanne secteur à axe horizontal qui se trouve à l'entrée du canal d'accès, ce qui permet d'isoler l'accès au plan incliné, afin de limiter les pertes d'eau en cas de rupture de digue sur le nouveau canal ou bien au niveau du plan.
Continuons maintenant la découverte des voûtes :
- la tranchée et la tête Ouest du souterrain d'Arzviller, partagées avec la voie ferrée Paris-Strasbourg :
Sous terre, la ligne de chemin de fer s'enfonce, traverse le canal et ne ressort pas à la même tête côté alsacien.
- la tranchée entre les deux souterrains :
En attendant la construction du tronçon de LGV manquant (Baudrecourt-Strasbourg),
les TGV utilisent (à petite vitesse) la voie de 1850 : ici, l'arrière d'un train se dirigeant vers l'Alsace.
- la tête Est du tunnel de Niderviller :
- la tranchée et la tête Ouest du même tunnel, au PK 248 :
Dans le bief de partage, revoici le Val de Sarre qui remonte (d'après le sens conventionnel) vers Arzviller, après avoir cassé jusqu'à Réchicourt.
Plus tard, le soleil descendant sur l'étang de Réchicourt, je retrouve le DUROC amarré en aval de la grande écluse pour la nuit.
Après un peu moins de huit heures de navigation entre Alsace et Lorraine, le Cindy entre dans le sas de l'écluse de Réchicourt.
Et c'est le début de la descente vertigineuse :
Sorti de l'écluse, encore quelques minutes de navigation à travers l'étang au soleil couchant pour rejoindre l'estacade amont de l'écluse 7, afin de s'amarrer pour la nuit.
Et voilà pour cette année... Merci à M. et Mme Gelhausen du Cindy, pour m'avoir permis de prendre ces photos. Merci aussi aux agents des services de la Navigation de Strasbourg que j'ai rencontré, et à ceux de Nancy que je commence à connaître ...
D'autres photos de cassage de glace :
http://bab.viabloga.com/news/breve-histoire-du-cassage-de-glace
http://bab.viabloga.com/news/convoyage-hivernal-sur-le-canal-de-la-marne-au-rhin
http://bab.viabloga.com/news/le-cindy-dans-les-glaces
Bonjour,
Excellent reportage avec de belles photos hivernales. Cela me rappelle l'hiver 62/63 où nous avions bloqués deux mois d'arrêt à la 28 (Gondreville) dans la vallée de Toul . Reprise de la navigation le 15mars pour arriver à Srasbourg le 15avril! Il y avait du trafic à cette époque et des bateaux dans tous les biefs........le plan incliné n'était pas encore en service. Quel est le nombre de bateaux éclusés par jour en 2008? Cela devrait surprendre je pense.
J.Claude