Bord à Bord Fluvial

Revendications des bateliers de Belgique

Nous avons tous, par solidarité et de commun accord, pris la décision d’engager des actions afin de faire savoir aux autorités compétentes notre mécontentement. Nous avons en effet décidé d’arrêter de travailler sous le seuil de rentabilité en application à la loi européenne 209 (outil de mesure du travail à perte). La crise qui s’est abattue sur notre secteur depuis 18 mois nous contraint à travailler à perte.

Le constat est le suivant : une concurrence déloyale existe actuellement entre la Belgique et les Pays-Bas. Contrairement à la Belgique, Les Pays-Bas ont mis en place en série de mesures visant à encourager le transport fluvial : d’une part une série de subsides pour aider à moderniser les installations, à investir dans du matériel neuf et d’autre part, de gros avantages fiscaux permettant d’alléger ou même de geler les crédits. En Belgique, rien de tout cela n’existe. Au contraire, pour respecter les normes écologiques et rester compétitifs, nous sommes obligés de payer (entre autres !) annuellement pour obtenir des certificats de toute sorte : GMP, Terre polluée, Ferraille, ADNR pour certains, etc.,…et aussi AIS qui entre en vigueur à partir de 2011.

La conséquence est la suivante : les bateliers hollandais envahissent le marché en proposant des prix défiant toute concurrence, ce qui implique une baisse générale de nos frets, à nous bateliers belges.

En guise d’exemple, avant la crise, en 2008, la rémunération pour un voyage de Rotterdam à Thionville était en moyenne de 10,00 à 13,50 €. Actuellement, cela ne dépasse plus 4,00 €. Autre exemple, de Gent à Visé : avant 4,00 € en moyenne, et maintenant, à peine 1,30 €.

Pour information, la clause relative à l’index du carburant n’est même plus reprise dans nos contrats d’affrètement, et ce malgré le prix du carburant à l’heure actuelle qui représente 500 € hors TVA le mètre cube. Pire, à partir du mois de juillet 2010 entre en vigueur une taxe de 7, 50 € supplémentaire par mètre cube de carburant pris. Il est certain que la matière première ou même le produit fini n’a pas diminué de 50 à 60 % comme les frets qui nous sont proposés depuis 18 mois.

Autre constatation : de plus en plus de bateaux sont présents sur les canaux depuis quelques années. Les bateaux antérieurs aux années 70 continuent de circuler alors que de nouveaux bateaux apparaissent, surtout en provenance des Pays-Bas qui ont beaucoup investi dans ce secteur. Cette multitude de bâtiments renforce aussi cette concurrence effrénée et détériore la qualité de notre travail.

En Belgique, la situation est grave !! Beaucoup de bateliers sont rentrés dans la spirale de l’endettement. Les frets ne permettent plus de supporter tous les frais liés à notre activité : cotisations sociales, remboursements de crédit et même le carburant. De plus de plus font faillite et se retrouvent du jour au lendemain jetés à la rue avec femme et enfants et beaucoup d’autres sont désespérés car ils ne voient aucune issue à cette crise. Cette situation devient intolérable ! Personne ne mérite d’en arriver là après avoir travaillé honnêtement durant des années.

Notre revendication est la suivante : pas de subsides mais une revalorisation des frets. Nous demandons simplement un prix de fret équitable et rentable pour chacun d’entre nous.

Aux élus politiques de l’Union Européenne et aussi ceux de la Belgique en particulier, nous demandons de faire valoir nos droits en tant que citoyens et contribuables responsables.

A vous qui prônez sans cesse le développement économique et écologique, sachez que le transport fluvial reste un moyen de transport des plus sûrs et des moins polluants. Pour une flotte estimée à 800 bateaux en Belgique, 100 bateaux représentent environ 125000 tonnes, soit l’équivalent de 5000 camions !!!

Nous faisons donc appel à votre arbitrage pour cette concurrence que nous estimons déloyale et espérons sincèrement que des contrôles suivis de mesures concrètes seront entrepris. Nous comptons sur vous.