Bord à Bord Fluvial

Voici enfin révélée une belle page de l’histoire de la batellerie dans deux volumes exceptionnels, aussi bien par leurs contenus que par leur iconographie et leur présentation. On y découvre une profession et une vie, des traditions et une culture, des périodes fastes et des temps de crises qui secouent cette profession comme toute autre. Le texte, précis et chaleureux est le résultat d’un triple travail d’enquête qui a mobilisé traditionnellement des archives, mais aussi la parole des hommes et une lecture attentive du terrain qui met en valeur les traces que le passé y a inscrit. Abondamment illustré de photos inédites, anciennes et contemporaines, de tableaux d’époque, schémas et plans, ces magnifiques livres constituent la première synthèse de référence sur un sujet, longtemps resté méconnu. Mais n’en doutons pas, c’est en même temps un vibrant hommage à ces hommes et ces femmes des fleuves, des rivières et des canaux, ceux qui construisent, ceux qui naviguent, ceux qui entretiennent… .

Le premier tome met l’accent mis sur le milieu, avec une histoire de l’épopée de la création de ce réseau industriel de voies navigables qui jouent un rôle si important. On découvre les bateaux et l’art de leur navigation. On suit l’épopée de ces hommes à bord de leurs péniches de bois tractionnées d’hier comme aujourd’hui sur leurs bateaux les plus modernes , ceux qui assurent l’essor du fluvial.

Grâce au second volume, on pénètre dans l’intimité de la vie quotidienne des mariniers. De la naissance à l’apprentissage du métier, du mariage aux loisirs, en passant par la scolarité des enfants et la condition de la femme à bord, tous les aspects de la vie familiale sont abordés.
On tourne souvent avec surprise les pages d’une l’histoire sociale bien méconnue faite de petits gestes quotidiens mais aussi de grèves et de barrages fluviaux, d’avancées sociales, de l’implication ou du désengagement de l’État… C’est plus d’un siècle de combats pour la défense d’un métier et la sauvegarde d’une indépendance revendiquée que révèle ici Bernard Le Sueur.